J’ai suffisamment critiqué sur ces pages, et dans d’autres tribunes, l’inadéquation des indicateurs de performances économique traditionnels, comme le P.I.B., pour ne pas me réjouir de cette nouvelle avancée vers une comptabilité écologique, émanant cette fois-ci de la Banque mondiale.
Le reproche principal fait aux indicateurs classiques est de ne pas prendre en compte les externalités des activités économiques et des politiques publiques, c'est-à-dire leurs effets directs et indirects, positifs ou négatifs, sur l’environnement et les ressources naturelles.
Ces externalités ayant in fine un coût, leur non prise en compte revient à en reporter la charge sur la collectivité, et sur les générations futures. De même, la non valorisation des services écologiques et des ressources naturelles dans de nombreuses évaluations économiques revient à en biaiser le sens, et bien souvent à masquer le fait que la croissance se fait « en mangeant le capital », ce qui est évidemment contraire au bon sens économique élémentaire.
Ce rapport de la Banque mondiale « Où est la richesse des nations ? » propose deux nouveaux indicateurs et formule quelques recommandations concrètes.
Les indicateurs proposés sont :
- L’épargne réelle par habitant (tenant compte de facteurs comme l’investissement dans l’éducation, la pollution et l’état réel des ressources naturelles),
- La valeur de la richesse naturelle par habitant, reconnaissant ainsi et valorisant le « capital naturel » des nations, dont l’économie de ce que l’on appelle pudiquement les PMA (Pays les moins avancés), dépend souvent largement.
Le rapport propose aussi un certain nombre de mesures concrètes, notamment l’utilisation des ces nouveaux indicateurs pour le suivi des progrès réalisés dans l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), et suggère de renforcer la recherche, notamment pour poursuivre l’inventaire des services environnementaux et déterminer leur contribution réelle au développement.
Le rapport complet (200 p.), publié en anglais, est disponible sur le site de la Banque mondiale à cette page. Il a fait l’objet d’une excellente synthèse (17 p.) en français que je vous Propose ici en vous en recommandant vivement la lecture.
L’autre bonne nouvelle, c’est que malgré tout ce qu’on peut en dire, il existe un certain niveau de transversalité au sein du système onusien, puisqu’à la Banque mondiale, non seulement on a lu le rapport sur l’évaluation des écosystèmes, mais en plus on en a tenu compte.
Reste à généraliser l’utilisation de ces indicateurs pour la gouvernance des nations, à en assurer la transparence, et à mettre en œuvre les recommandations du rapport.
Excellent sujet, fondamental. Si celà t'intéresse, certains freemen ont un projet dans ce sens : projet de loi qui instituerait un indicateur de progrès (type GPI) en France. Nous disposons de beaucoup des contacts et réseaux nécessaires à l'aboutissement de ce type de projet. On en parle sur la liste google si tu veux.
J'avais trouvé un projet canadien très proche de celà , la "7th generation initiative". Ils semblent avoir échoué pour une poignée de voix au parlement canadien...
Rédigé par : Casabaldi | 20 janvier 2006 à 13:46
Bien sur que ça m'intéresse. Voilà un thème pour imagine2012 ;-)
Je suivrais vos travaux dans ce domaine de près !
Rédigé par : Emmanuel | 20 janvier 2006 à 14:06
Sur Globeco, Pierre Leroy propose lui aussi un indicateur global plus réaliste que le PIB.
http://www.globeco.fr/
Cordialement.
Adamantane
Rédigé par : Adamantane | 31 janvier 2006 à 15:34
Patrick Viveret, alors conseiller référendaire à la Cour des comptes (en 2000) avait réalisé une mission sur les "nouveaux facteurs de richesse", dont le rapport a été présenté au public en mars 2002. Cette mission a permis d'organiser une réflexion et un premier débat autour de l'exigence de reconsidérer en profondeur nos critères d'évaluation de la richesse, de faire le point sur les avancées déjà réalisées,
d'ébaucher des propositions. Son livre "reconsidérer la richesse" est disponible aux éditions de l'Aube.
Rédigé par : Sam | 31 janvier 2006 à 17:14