La vérité, c'est qu'en commençant ce blog, mon souhait était de ne jamais me forcer, de le faire en gardant le plaisir d'écrire intact et de laisser les articles venir, presque sans y penser ...
Et depuis quelques temps, il faut bien l'avouer, et mon silence sur cette page l'atteste, c'est le passage à vide. Le coup de barre. Un grand désarroi face ou brouhaha généralisé, sur le web ou dans la "vraie vie", à la cacophonie de l'information quotidienne, à l'inintelligibilité du monde, à l'absence de projet partagé, au "trop de tout" qui au final donne une impression de grand vide. Et l'envie de ne pas y ajouter.
Mais ça, ça n'est pas avouable.
Alors pour sauver la face, pour la vitrine, je n'ai qu'a dire que mon blog est en grève.
En grève contre le temps qui file trop vite.
En grève contre l'actualité qui défile, sans qu'on ait le temps d'analyser, de réagir, de construire.
En grève contre l'absence de projet de notre société, contre la crise des institutions, contre la fatigue des démocraties.
En grève contre la fragmentation sociale continuelle, qui va en s'agravant sans qu'on sache jusqu'où.
En grève contre les inégalités croissantes, contre l'absence de partage et l'hypocrisie.
En grève contre la précarisation généralisée, le règne absolu du stage, du CDD, du CNE, des promesses non tenues.
En grève parce que y'en a marre d'être flexible - c'est toujours les mêmes qui doivent être flexibles.
En grève contre la destructuration et la destruction programmée des "classes moyennes éclairées", dont les forces vives seraient portant bien utiles à la reconstruction d'un nouveau contrat social et d'une véritable ambition démocratique, dont nous aurions tant besoin.
En grève parce que j'en ai assez d'entendre des causeur refaire le monde : arrêtez de causer et faites le !
En grève contre les faux nez, les faux problèmes, les excuses bidons, le manque de courage.
En grève contre les controverses stériles, les faux problèmes, les débats démagos sur des mots, comme celui qui oppose "développement durable" à "décroissance".
En grève parce que dehors il pleut, que le frigo est vide, que j'en ai marre de manger des nouilles.
En grève parce que le bus n'est pas passé ce matin, et qu'il a fallu que j'accompagne mon fils à l'école.
En grève contre les grèves des transports en commun qui nous pourrissent la vie alors que c'est déjà assez compliqué comme ça.
En grève par solidarité (Avec qui ? Ca me regarde).
En grève parce que [ ]*
(*Mettez ce que vous voulez dans la case)
La rédaction devra décider prochainement à l'unanimité (forcément, je suis tout seul ...) de la poursuite de la grève ou de la reprise du travail.
Je reviendrai.
P.S. : Je vous aime, aussi.
Ben voilà, tu me piques mon idée...C'est ce que je voulais révéler dans mon prochain édito ! Grève à info veille biotech...
Je fais quoi maintenant ?
Maintemant, il va falloir que je travaille ! C'est malin ça !
Tu me donnes une idée : et si on mettait tous les incompétents, les beaux parleurs, les empêcheurs de tourner en rond, les inconditionnels de l'usage des CDD, les abuseurs de précaires au chômage (la liste est d'une longueur...), ça en ferait du travail pour tous ceux qu'ils anéantissent lentement mais sûrement ?...
Une phrase peinte sur un trottoir de Toulouse et lue hier : "la dictature, c'est ferme ta gueule, la démocratie, c'est cause toujours".
J'ajouterais : s'en sortir c'est cesser de parler et agir ! Dire NOn et rester debout face aux barbares. La roue tourne, forcément.
Coup rage Emmanuel !
Fred
Rédigé par : Fred | 08 décembre 2005 à 12:27
Je n'ai qu'un mot à dire, Bravo !
Effectivement il y a des moments où le découragement gagne, mais c'est toujours pour mieux repartir...
Rédigé par : Dark Mind | 14 décembre 2005 à 15:27
Merci Emmanuel et Frédérique pour vos éditos. Vous m'ôtez les mots de la bouche...
Mais voilà: "Mais ça, ça n'est pas avouable". Il est tellement difficile de dire toutes ces choses. Les gens se lassent, les gens ont peur... "Pas envie de se prendre la tête". Le mieux est encore de suivre le mouvement, d'être effectivement flexible, rapide, compétitif, à 300%, tout cela dans des projets souvent vidés de substance, de sens. Ce qui compte, c'est de vendre, et pas forcément ce qui est effectivement vendu. Ce qui compte c'est de dépasser, de grossir toujours plus. Hypertrophie généralisée.
Et toute cette hyprocrisie tournant autour du travail, du social, des droits de l'homme, de la vie saine, etc.
Toujours plus... de rien, de vent.
Réagir, oui! Mais comment?
Rédigé par : Virginie | 15 décembre 2005 à 10:55