Céline est une femme courageuse. Mais peut être est-ce là un pléonasme ?
Bertold Brecht avait déjà titré une de ses pièces « Mère courage ». Et je crois sincèrement que les femmes ont ceci de plus que nous, ou en tout cas à un degré plus élevé : La capacité à regarder les choses telles qu’elles sont, à les assumer et à y faire face.
Honneur aux femmes, donc. A toutes les femmes, mères ou pas.
Céline, donc, qui porte le joli projet d’une ONG « Demain la Terre » (Site en construction) pour accompagner les PME / PMI sur l’étroit et tortueux chemin du développement durable, m’a fait cadeau du dernier livre de Jean-Pierre Dupuy : « Petite métaphysique des Tsunamis », que j’ai dévoré en quelques heures.
Ce livre, qu’on pourrait sous-titrer « Essai sur la mal », porte sur notre perception du mal, et surtout du malheur, et sur notre capacité à l’accepter, à faire face, et à l’anticiper. Qu’il s’agisse de catastrophes naturelles ou de celles liés à l’action humaine importe en l’occurrence peu. Quoique...
Je vous recommande vivement la lecture de ce livre, même s’il vous faudra faire preuve d’un peu de courage, justement. Le sujet n’est pas des plus divertissants, j’en conviens, mais la pensée de l’auteur est si éclairante que j’aimerai en citer ici de nombreux passages. L’auteur lui-même en cite beaucoup d’autres, empruntant aux philosophes de l’antiquité, à ceux des lumières (Voltaire, Rousseau), et à ceux que l’histoire récente a inspiré (Hans Jonas, Hannah Arendt, Günther Anders). Sa capacité à rapprocher les concepts, les évènements, les incroyables ironies de l’histoire et les incongruités de certains épisodes est tout simplement remarquable.
Je ne citerai qu’un passage du livre, celui qui m’inspire le titre de cette note. Ce dialogue entre Pompée et son général Caton est extrait de « La Guerre civile », de Henri de Montherlant :
« Quand César eu franchi le Rubicon, pas une ville qui ne l’ait accueilli avec joie. Ceux qui viennent à lui s’accroissent chaque jour. Ils disent : « Toute résistance est vaine. César est une fatalité ! » Pompée : « C’est une parole de pleutre. Que quelqu’un lui barre la route, César ne sera plus une fatalité » Caton : « Mais personne ne lui barre la route. » - La fatalité est la somme de nos démissions »
Je pourrai vous en citer beaucoup d’autres, tant la surprise est au coin de chaque page.
Il est dommage que l’auteur expédie en un paragraphe la notion de « développement durable », mais il s’agit à mon avis d’un malentendu sur le sens qu’on veut bien donner au terme de « développement ». J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer là dessus.
Au-delà de la compassion, de l’urgence, de notre sentiment d’impuissance face aux catastrophes naturelles, l’auteur, reprenant son appel pour un « Catastrophisme éclairé », nous conjure de nous concentrer sur catastrophes à venir, sur celles dont nous sommes à l’origine, et dont la probabilité est de l’ordre de la certitude, pour nous inviter à faire en sorte que « cela devienne faux », en réagissant à temps.
Bonne lecture.
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