Désolé pour le titre un peu catastrophiste de cette note, mais il s'agit bien de tirer un signal d'alarme, car, hélas, les faits sont là.
C'est aussi le titre de la version grand public de l'ouvrage "Pour la Biodiversité: manifeste pour une politique rénovée du patrimoine naturel" dont j'ai déjà parlé il y a quelques mois. Ce précédent ouvrage avait pour objet d'alerter les élus, responsables politiques, responsables d'associations et acteurs professionnels, des enjeux liés à la perte brutale de biodiversité que nous connaissons, et proposait quelques pistes de réflexion et d'actions politiques concrètes pour une meilleure gestion de ce patrimoine naturel.
Ce nouveau livre a été ramené à environ 200 pages, et vise à faire connaître les enjeux à un public beaucoup plus large, tout en restant orienté sur la réflexion et l'action. Il est à mettre entre toutes les mains !
" L'humanité, espèce en danger " est préfacé par Hubert Reeves.
Y ont contribué:
Christophe Aubel, directeur de la ligue Roc pour la préservation de la faune sauvage,
Maurice Wintz, membre du bureau de FNE (France Nature Environnement, fédération des associations françaises de protection de l'environnement)
Dominique Bourg, philosophe,
Michel Maffesoli, sociologue,
Bernard Chevassus-au-Louis, président du MNHN (Museum National d'Histoire Naturelle)
Robert Barbault et Patrick Blandin, du MNHN
Patrick Hubert, avocat international
Gilles Pipien, Spécialiste des politiques publiques en matière d'environnement.
Cet ouvrage est paru, chez l'éditeur : "éditions A. VENIR". Vous pouvez le commander, pour 12 euros port compris, à :
Ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage
26, rue Pascal
75005 Paris
téléphone: 01 43 36 04 72
fax: 01 43 36 06 18
[email protected]
Pour info, l'ensemble des auteurs a fait don des droits d'auteurs à la ligue.
Pour plus d'information : Sur cet ouvrage, et sur la version destinée aux élus et responsables d'association. voir le site de la ligue ROC.
Dogmes et faits
( - Les dogmes - )
L'Homme est sur Terre pour souffrir, payer ses péchés, son pain, son droit de vie. Il doit être élevé à la badine, faire des études très poussées, rébarbatives, soporifiques. Il doit apprendre des choses sèches, austères qui l'édifieront. Il doit étudier l'Histoire, la géographie, l'art hermétique (tchèque, égyptien, inuit, chinois), la linguistique, la politique, la sociologie, la psychanalyse, la philosophie et savoir analyser, discuter, disséquer, faire des thèses complexes sur toutes ces choses savantes dans un français exemplaire. Sa jeunesse doit être laborieuse, studieuse, sinistre.
A ce prix il s'élèvera.
Tout en étant initié à ces sciences et arts, il devra s'adonner à d'âpres besognes physiques. Par exemple, creuser des galeries au fond de son jardin (rocailleux de préférence) le matin avant d'aller aux cours à l'Université, construire des puits en pierres savamment taillées le soir après les études, jusque fort tard dans la nuit. Pas de chocolat, ni de chat ou de chien à caresser, ni de rêvasserie, ni de commerce amoureux, ni de jeux de société, ni de plaisirs culinaires, ni de détente champêtre... Du travail, du travail, rien que du travail. Et des nuits de veille, la pensée absorbée dans des manuels universitaires épais, poussiéreux, lourds, incompréhensibles, écrits en très petits caractères et rédigés en latin classique pour endurcir, exercer encore plus son esprit d'étudiant soumis.
L'homme devenu adulte apprendra le maniement des armes avec abnégation. Il chantera la Patrie, boira l'eau du robinet, mangera du pain républicain, hanté par le désir de se surpasser en tout. Au retour de son service militaire il se mariera avec une femme laide pour lui faire de nombreux enfants. Si la femme est belle alors l'Homme aura de la chance et ce sera tant mieux pour lui. Aussi flatteur soit-il, le sort conjugal ne doit cependant pas lui faire oublier l'essentiel : l'échec est toujours salutaire. Il rend humble.
Et puisque le dimanche l'Homme (d'une piété irréprochable) ne pourra pas travailler, les six autres jours de la semaine il s'adonnera sans faillir ni broncher à des travaux de force herculéens. Ceux-ci commenceront très tôt le matin pour s'achever longtemps après la tombée du jour.
L'Homme est sur Terre pour suer. Toutefois, quelle chance !, marié dans les formes strictes de la religion et de la loi devant témoins (avec les balais accrochés derrière le véhicule et la pancarte traditionnelle "Convoi d'anges heureux"), il aura des rapports sexuels complets qui lui donneront une progéniture digne de sa paternité assumée. Si ses enfants sont infirmes, alors le mérite de l'Homme qui les élèvera sera grand. Si ses enfants sont beaux et fort, il pourra être fier de lui, fier de sa vie consacrée au bien général en attendant que la mort l'emporte vers un Panthéon céleste éternellement figé.
( - Les faits - )
L'Homme est sur Terre pour apprendre, s'émerveiller, se libérer dans tous les sens du terme, se destiner à un idéal. Apprendre l'amour, la vie, les arts, les sciences, mais uniquement selon ses préférences, ses capacités, sa sensibilité, ses caprices. Il est sur Terre non pour gagner sa vie en suant le plus possible pour ensuite s'acheter du beurre, du sel, du pain, du poisson, des poireaux, des pommes de terre, bref pour aller faire ses "commissions" le samedi, mais pour lever les yeux au ciel, méditer avec gravité mais non sans joie sur les astres, les arbres, son âme, jouer sur son ordinateur, faire des plaisanteries, ne pas se priver de chocolat.
L'Homme ne doit pas s'abrutir à des travaux rébarbatifs si les circonstances ne l'y obligent pas. Il rejettera les armes, critiquera l'Histoire, la politique, les classes moyennes, troublera l'ordre établi dès qu'il l'estimera inique. C'est ainsi que l'Homme grandit. Il fuira les femmes laides tout en affichant devant elles une mine suggérant l'intérêt amoureux. Il dissimulera ses sentiments aux laiderons, les dévoilera aux créatures. L'Homme pourra rester un enfant cruel s'il le désire.
L'Homme a le droit d'avoir des moments de faiblesse. Parce qu'il est doué de sensibilité, l'Homme doit être ménagé. Il a droit à des égards.
L'Homme est sur Terre pour mener son chemin et monter, s'épanouir, se construire dans la joie, l'équilibre, la santé, et non pas pour faire des provisions avec sa femme le samedi, ni pour construire des puits parfaitement inutiles quand il est jeune le soir après ses cours à l'Université, et surtout pas pour accrocher des balais derrière sa voiture avec la pancarte infamante "Convoi d'anges heureux"...
L'Homme doit s'affranchir des travaux usants lorsque ceux-ci ne s'avèrent pas nécessaires, il doit sortir de ses galeries sous son jardin et étudier l'art de faire des vers. Ou regarder des livres d'images à la place si ça le chante. Ou dormir, prolonger tant qu'il le voudra ses songes nocturnes.
Bref, l'Homme n'est pas sur Terre pour suer sottement mais pour s'ouvrir aux merveilles qui l'entourent, s'éveiller à la Vie. Il regardera avec pitié (mais aussi avec charité) les jeunes époux qui accrochent derrière leur voiture de série des balais avec la pancarte crucifiante : "Convoi d'anges heureux".
Raphaël Zacharie de Izarra
Rédigé par : Raphaël Zacharie de Izarra | 27 février 2006 à 14:25
LA PUISSANCE DE LA BEAUTE
Le spectacle de la beauté me rend meilleur, plus sensible, plus grand, moins médiocre, quelle qu'elle soit, de la moins évidente à la plus éclatante.
Du simple caillou -humble et parfait avec ses formes sommaires- au visage de la femme née avec les grâces de sa nature, la beauté me subjugue.
Alors que la laideur seule m'inspire pitié, dégoût, voire haine, la beauté qui s'affiche aux côtés de la laideur me rend indulgent envers cette dernière : ainsi la femme aux traits méprisables ne sera plus raillée si une créature l'accompagne. Certes je n'aurai d'yeux que pour le cygne, mais dans son ombre l'oiseau déplumé bénéficiera de ma clémence. En effet, je ne crache point au visage des laiderons lorsque dans leur proximité la vision d'un astre retient mon regard : la beauté adoucit mes moeurs.
La beauté me fait croire à des sommets, elle agit comme un coupe-faim : sous son empire j'oublie les trivialités de ce monde. Je ne songe plus aux soucis du lendemain mais prends conscience de mes ailes.
La preuve que la beauté est supérieure à la laideur, c'est qu'une femme sans attrait sera toujours moins courtisée qu'une femme vénusiaque. Sur l'échiquier de la Vérité, les dindes seront toujours rattrapées par les gazelles.
Mes frères les esthètes, toujours chérissez la beauté. Vous les beaux esprits voués aux causes supérieures, sachez chaque jour rendre hommage à la beauté et n'omettez jamais de durement châtier la laideur lorsque celle-ci vous offense. Giflez les laiderons qui à votre vue exposent leur misère sans pudeur ni remords, mais soyez moins sévères envers elles lorsqu'une beauté les accompagne, de la même manière que l'on est plus complaisant face aux grognements de la truie qui allaite : le spectacle touchant des porcelets fait un peu oublier la grossièreté de la génitrice.
Bref sachez que c'est la beauté et la beauté seule qui sauvera le monde, et non l'infirmité, la bêtise, la bassesse et la hideur.
Raphaël Zacharie de Izarra
Rédigé par : Raphaël Zacharie de Izarra | 01 mai 2007 à 23:51