La plupart du temps, quand j'assiste à des conférences scientifiques ou à des recontres du type "Science / Société" (Comme si la première ne faisait pas partie intégrante de la seconde), je suis surpris, peut être naïvement, par le fait que la charte de l'environnement, et en particulier le principe de précaution, ne "passe pas", auprès de nombreux chercheurs.
Parmis les arguments entendus, reviennent souvent le fait que le principe de précaution "bloque", "freine", "nous met des batons dans les roues et nous complique le travail". Manifestement, le principe de précaution semble être assimilé à l'adage : "Dans le doute abstiens toi".
Il me semble que l'esprit du principe de précaution n'est pas là, et qu'il conviendrait, comme le proposent Barnard Chevassus-au-Louis, Robert Barbault et Patrick Blandin, de dépasser cette apparente opposition entre précaution et innovation, et de les intégrer dans le concept "d'innovation durable".
Un vrai travail de pédagogie est à faire. Pour mémoire, je rappelle ci dessous les 10 commandements du principe de précaution, selon Philippe Kourilsky :
1) Tout risque doit être défini, évalué et gradué.
2) L'analyse des risques doit comparer les différents scénarios d'action et d'inaction.
3) Toute analyse de risque doit comporter une analyse économique qui doit déboucher sur une étude coût/bénéfice (au sens large) préalable à la prise de décision.
4) Les structures d'évaluation des risques doivent être indépendantes mais coordonnées.
5) Sortir de l'incertitude impose une obligation de recherche.
6) Les décisions doivent, autant qu'il est possible, être révisables et les solutions adoptées réversibles et proportionnées.
7) Les circuits de décision et les dispositifs sécuritaires doivent être non seulement appropriés mais cohérents et efficaces.
8) Les circuits de décisions et les dispositifs sécuritaires doivent être fiables.
9) Les évaluations, les décisions et leur suivi, ainsi que les dispositifs qui y contribuent, doivent être transparents, ce qui impose l'étiquetage et la traçabilité.
10) Le public doit être informé au mieux et son degré de participation ajusté par le pouvoir politique.
(Source : Du bon usage du principe de précaution, P.Kourilsky, Ed. Odile Jacob, 2000)
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