Ann et David Premack sont devenus célèbres en apprenant le langage des signes à la guenon chimpanzé Sarah. Ils comptent parmi les pionniers de la "primatologie cognitive", qui vise à mieux connaître les singes pour mieux comprendre l'homme, notamment comment ses capacités cognitives ont évoluées depuis qu'il est homme.
Dans leur dernier livre, "Le bébé, le singe et l'homme" (Odile Jacob, 2003), ils nous rappellent une évidence largement oubliée : L'Homo Sapiens est resté un chasseur cueilleur, vivant dans des groupes humains de 20 à 30 personnes, pendant une très grande majorité du temps qui s'est écoulé depuis que l'espèce est apparue. Sans même parler de ses ancêtres Homo Erectus et Homo Ergaster de qui il a bien du garder un certain héritage mental.
Les structures sociales complexes (Villes, états, institutions, ...) sont apparues progressivement, depuis la sédentarisation du néolithique, avec une accélération dans les derniers millénaires, et plus encore dans les deux derniers siècles de notre histoire.
Les mécanismes de l'évolution peuvent être schématiquement décrits comme des mécanismes d'interactions entre une espèce et son environnement, chacune modifiant son environnement tout en s'y adaptant. On peut alors plutôt parler de "coévolution". Mais ce processus demande du temps. L'ampleur et le rythme des modifications que l'homme apporte à son environnement (physique, mais aussi social et cognitif), ne lui ont pas (encore) laissé le temps de s'y adapter.
Il faut bien le reconnaître, le contrôle de la structure complexe de notre société actuelle nous échappe. Nous avons hérité d'une complexité, que nous contribuons tous à amplifier, à laquelle nous ne sommes pas biologiquement et cognitivement adaptés.
Le défi à relever, aujourd'hui, est de prendre conscience de notre vraie nature et de nos limites, afin de développer les outils et les solidarités indispensables pour nous adapter à la complexité croissante des structures humaines collectives.
En un mot : réapprendre à vivre, à créer et à travailler ensemble.
Au fond je ne suis pas certaine que le problème vienne de la complexité.
Peut-être chercher du côté de l'humain qui cherche chaque jour à s'approprier davantage, chaque jour à partir sur tous les fronts, tout faire, tout connaître, tout développer. Toujours plus, toujours plus.
Il me semble que depuis que je m'emploie à ramener ma vie à ce qui est le plus essentiel à mes yeux, cela va beaucoup mieux.
Cela veut dire : ne pas tout accepter de mes différents interlocuteurs, refuser de me laisser envahir par les désirs des autres, dire non à chaque fois que cela ne me convient pas avec courage et sans peur des "réprésailles" possibles, sans cesse me remettre en question en évitant de perdre mon latin, avoir une vie, une vraie en dehors de ma vie professionnelle et en compagnie d'autres humains...
Avec un filtre continu à chaque fois que je pose des actes : mon action va-t-elle avoir une conséquence pour l'humain et son environnement, est-elle dommageable ou non pour lui et dans quelle proportion.
Surtout accepter de faire des efforts...Ah le mot qui tue !
Pour illustrer, lire le conte édifiant du Journal du Management sur les gros et petits cailloux de la Vie. http://management.journaldunet.com/0503/050375contes.shtml
Rédigé par : Fred | 30 mars 2005 à 21:34